La communication sexuelle
Quels sont les obstacles à la communication sexuelle ?
Je compare régulièrement l’absence de « communication sexuelle » à la légendaire expérience du chat de Schrödinger.
Imaginez qu’une personne ressemble à une boîte opaque et hermétique.
Autrement dit, il n’est pas possible de deviner ce qu’il se trouve à l’intérieur, tant qu’on ne l’a pas ouverte.
C’est pourquoi il est essentiel d’exprimer avec honnêteté et clarté son monde intérieur.
Lorsque je parle de monde intérieur, je pense à :
En effet, il est important de les traduire en mots afin qu’ils soient compris et respectés par votre partenaire.
Je ne le dirai jamais assez : les « signaux » ne suffisent pas !
Dans chaque couple ou dans chaque interaction entre deux personnes sexuées, il existe de très nombreux obstacles, intra ou inter-personnels, à la communication sexuelle.
Cet article seul ne suffira pas à tous les énumérer.
Néanmoins, je souhaiterais vous résumer ceux que je rencontre le plus fréquemment au sein de mon cabinet.
1) Les questions d’identité, de rôle de genre et de rôle sexuel
Depuis l’avènement de la contraception et la libéralisation de l’avortement, la sexualité érotique, dite « de plaisir », voit le jour.
Elle se différencie alors de la sexualité procréative, dite de « reproduction ».
C’est une véritable révolution sexuelle.
Dès lors, les questions d’identité, de rôle de genre ou de rôle sexuel s’enchaînent et se bousculent.
Pour rappel, les rôles font référence aux comportements, aux attitudes, aux traits de personnalité désignés socio culturellement comme masculins ou féminins (dans un large éventail de possibilités).
Ainsi, chacun doit apprendre à composer avec ses besoins, ses ressentis, ses désirs et ceux de l’autre.
Les codes sont bousculés.
Il y a une forte remise en question des rôles sexuels et de nombreuses interrogations se posent comme :
« qui fait quoi et comment ? »
« qui veut quoi et comment ? »
Voici un extrait de la chanson « un homme » de Jérémy Frerot qui, à mon sens, illustre parfaitement ces propos :
« Toi, tu veux un homme, toi, tu veux un père
Tu me dis « ralentis » tu me dis « accélère »
Et plus je te suis, et plus je te perds
Dis-moi, dis-moi, pour toi, c’est quoi
Un homme au pire, au mieux, perdu
Un homme, c’est quoi? Je sais pas, je sais plus
Regarde-moi dans le yeux, qu’est-ce que tu vois? Dis-moi
Un homme, c’est quoi un homme, pour toi?
Un peu dur, un peu fragile
Un peu libre, un peu docile
Un peu fort, un peu sensible
Un peu fou, un peu tranquille »
2) La non identification des besoins sexuels
L’être humain a des besoins sexuels à l’image de tous ses autres besoins fondamentaux :
Besoins de chaleur humaine, de reproduction, de défoulement, d’expression corporelle, de jeu, de légèreté, de tendresse, de créativité, d’amour, de chaleur humaine, etc.
La liste est encore longue.
Il est très important de comprendre que la sexualité peut venir nourrir un besoin :
Les besoins varient en fonction des jours, des heures, des saisons de la vie, des saisons de l’année ou des saisons du couple, en fonction de l’humeur ou des circonstances. Ils sont en mouvement perpétuel.
Ces mêmes besoins sont malheureusement rarement identifiés et exprimés à l’autre.
Or, lorsque vous entendez parler de communication sexuelle, c’est bien de la communication de ces besoins dont il s’agit !
Il est important de se poser ces questions à soi-même et de communiquer la réponse à son ou sa partenaire :
« Est-ce que j’ai envie de tendresse et d’affection ? »
« Est-ce que j’ai envie de faire l’amour ? »
« Est-ce que j’ai envie de baiser avec amour ? »
« Est-ce que j’ai envie de me défouler ? »
Il existe autant de questions que de besoins, soyez créatifs !
3) La croyance : « le sexe n’est pas quelque chose qui se dit, il se fait ! »
Malheureusement, cette croyance, inefficace et contre productive, est apprise et intégrée très tôt !
Combien de fois j’entends au sein de mon cabinet :
« Il devrait le savoir »
« Si elle m’aimait, elle le saurait »
« Je n’ose pas lui dire, j’ai peur de le vexer »
« je lui ai pourtant envoyé de nombreux signaux ! »
« Il devrait le deviner »
« Elle devrait savoir me faire ce dont je rêve secrètement »
« ça va casser le moment »
« c’est censé être spontané ! »
Or, ce que chacun veut, c’est de plaire à l’autre !
Mais cela ne peut pas se faire de manière individuelle et doit obligatoirement passer par la communication.
Ainsi, une communication positive permet d’instaurer un sentiment de compétence
qui favorise les rapprochements.
4) La croyance : « la sexualité c’est naturel »
L’hypersexualisation médiatique vient altérer la manière dont nous percevons cette réalité.
Parmi les phrases les plus fréquentes entendues au cabinet en voici deux exemples percutants :
« à quoi çà sert de consulter une sexologue ?
Si on a besoin d’aller en parler à une personne tierce c’est qu’on est pas fait pour être ensemble ! »
« Pourquoi se faire aider ? C’est censé être naturel non ? »
Or, la sexualité est un apprentissage.
Et un apprentissage nécessite des modèles.
A ce jour, malheureusement, c’est la pornographie qui est le canal le plus facilement accessible.
Ce thème fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article.
5) Le poids de la religion et de l’éducation
De nombreuses années de répression ont influencé et continuent d’influencer le plus grand nombre, créant ainsi malaise, gêne profonde à demander, à montrer, à dire ou à oser par peur d’être jugé !
Et même si les années ont passé, il en reste encore des stigmates et le malaise continue à se transmettre de génération en génération.
6) La communication sexuelle peut être maladroite et hésitante
« On ne sait pas trop, ni comment, ni quoi dire, ni quand le dire ? »
La communication sexuelle peut être maladroite et hésitante :
La liste est encore longue !
Quoiqu’il en soit, vous l’aurez compris, les couples qui veulent passer outre ces obstacles, évoluer ensemble et s’épanouir sur différents plans (complicité, projets, sentiments amoureux et sexualité) ont un grand intérêt à développer :
Leurs habiletés de communication
Leur coopération
Et faire preuve de maturité et d’ouverture d’esprit
